Pointures

Danse & cirque / Il y a encore une vie chorégraphique (et circassienne) après la Biennale de la Danse. La preuve avec six grands rendez-vous d'ici janvier 2009... Jean-Emmanuel Denave


Vous restera-t-il un peu de souffle, d'argent et de désir après trois semaines de Biennale de la Danse et une cinquantaine de spectacles bien tassés ? Espérons-le, car sans transition le début de saison 2008-2009 démarre sur les chapeaux de roue avec quelques grandes figures de la scène chorégraphique internationale... Après avoir présenté son adaptation de Blanche Neige pour la Biennale, Angelin Preljocaj frappera encore deux fois à Lyon avec une reprise de Roméo & Juliette par le Ballet de l'Opéra (du 6 au 15 novembre) et un somptueux programme en fin de saison au Toboggan (Empty moves et Noces le 29 avril). Créé pour le ballet de Lyon en 1990, Roméo & Juliette s'inscrit dans l'univers gestuel abstrait et rigoureux de Preljocaj tout en nous immergeant dans une Vérone contemporaine signée Enki Bilal, plus proche d'une vieille dictature décrépite d'Europe de l'Est que de celle de Shakespeare. Ce n'est pas la meilleure pièce de Preljocaj mais un très bon spectacle, qui plus est accompagné de la musique de Prokofiev jouée en «live» par l'Orchestre de l'Opéra de Lyon. Dans un tout autre registre, la compagnie brésilienne fondée en 1975 par les frères Paulo et Rodrigo Pederneiras, Grupo Corpo, enflammera les planches de la Maison de la Danse (du 11 au 28 novembre) avec son mélange explosif de samba, forro des bals populaires, danses africaines, hip-hop et danse classique. Au-delà de toute idée reçue sur le Brésil, la compagnie offre des spectacles aux rythmes allegro furioso, sidérants de virtuosité et de frénésie, et ouverts à tous. Mon corps, ma bataille
Second grand écart : après Grupo Corpo, c'est Raimund Hoghe qui, comme il le dit si bien, «[jettera] son corps dans la bataille» au Théâtre Croix-Rousse. Un corps difforme, bossu, qui, à partir de ses propres «défauts» et limites, bâtit peu à peu une œuvre singulière et minimaliste, explorant la solitude, la peur, le désir et la poésie du mouvement. Il présentera à Lyon deux relectures d'œuvres classiques : Boléro Variations (le 13 novembre) en s'appuyant sur la répétitivité entêtante de la musique de Ravel, et Swan Lake (le 15 novembre), libre digression pour cinq interprètes sur Le Lac des cygnes... Raimund Hoghe a été pendant dix ans, de 1980 à 1990, le dramaturge de Pina Bausch que l'on retrouvera, elle, à la Maison de la Danse du 15 au 17 janvier. La grande dame du «Tanztheater» transmettra à des adolescents âgés de 14 à 18 ans l'un de ses chefs-d'œuvre, Kontakthof, créé en 1978. Vingt-six interprètes, évoluant dans une sorte de salle de bal, se livrent à un théâtre dansé de la séduction, de l'érotisme, de la rencontre heureuse ou malencontreuse, avec des mouvements tantôt linéaires et policés, tantôt délurés et incongrus... Il y aura aussi beaucoup de cirque à la Maison de la Danse avec le spectacle tous publics des parents de James Thiérrée, Jean-Baptiste Thiérrée et Victoria Chaplin, la fille de Charlot (du 9 au 21 décembre). Mais on vous conseillera plutôt la découverte des Sept planches de la ruse (du 20 au 25 janvier) d'Aurélien Bory, cirque ludique, virtuose et kafkaïen, plongeant quatorze interprètes dans une espèce de jeu ou casse-tête chinois géant.


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