Rires et bruits bizarres


Galeries / En ce début de saison, le festival Lyon Septembre de la photographie occupe une grande partie des cimaises des galeries et petits centres d'art (voir p. x)… Ce qui n'empêche pas les autres de «vivre» comme l'URDLA, centre international de l'estampe, qui fête ses 30 ans (avec une exposition collective à partir du 11 octobre) ; la très sympathique galerie Roger Tator qui accueille Philippe Million, artiste à la frontière de l'art et du design (jusqu'au 7 novembre) ; ou le centre d'art le Fort du Bruissin qui prépare une exposition prometteuse autour de l'idée de contrôle social avec deux artistes : Franck David et Florence Lazar (du 21 septembre au 11 janvier)… Mais les deux «locomotives de la rentrée» seront sans conteste les galeries Olivier Houg et Domi Nostrae. La première enchaîne coup sur coup deux expositions personnelles passionnantes : celle de la très british et hyper déjantée Jemima Burrill (jusqu'au 31 octobre) avec des vidéos fort amusantes où l'artiste accouche dans la douleur de bébés en ballons de baudruche ou s'adonne à des exercices de musculation au cœur d'un supermarché ; et celle de l'artiste néerlandais Jan Ros (du 7 novembre au 31 décembre) qui peint à l'huile avec des effets "floutés" l'architecture des villes d'aujourd'hui, des accidents de voiture ou des catastrophes naturelles, en grand styliste fouillant les ambiguïtés de l'attraction-répulsion pour le monde contemporain… Domi Nostrae, quant à elle, nous fait l'immense plaisir d'exposer à nouveau l'un de nos artistes fétiches, le Lyonnais Christian Lhopital (du 27 septembre au 15 novembre ; l'artiste exposant également au MAC du 19 septembre au 4 janvier). Une œuvre toujours à la frontière du rire et de l'effroi, de l'innocence et de la férocité, de la figuration et de la disparition ou de la tâche et du tremblement. Son univers est composé de peluches enduites de peinture blanche et, plus souvent, de petits ou grands dessins ambigus, peuplés de monstres et de rêves d'enfants, de personnages étiolés à la limite du rien et du fantomatique, toujours accompagnés de «ces rires et ces bruits bizarres» (titre de l'exposition).
Jean-Emmanuel Denave


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