Cadence du ventre


Rap / Pour sa dixième édition, le festival Riddim Collision concocté par Jarring Effects se paie une très belle tête d'affiche en la personne du rappeur canadien Cadence Weapon, tout nouveau transfuge de Big Dada - la branche ghetto du label Ninja Tune. Âgé d'une petite vingtaine d'années, Roland Pemberton, originaire d'Alberta, est un garçon énervant. Rappeur prolifique. Producteur cheesy. Écrivain prolixe. Dès son premier disque, l'assez remarquable Breaking Kayfabe (2005), Rollie ne tombe pas dans les écueils d'un rap encore un peu vert et préfère narrer ses histoires de quotidien, ses premiers petits boulots adolescents, micro-événements et embrouilles universelles de jeunes gens laissés à l'abandon dans un coin un peu sordide du Canada. Il évitait, avec grâce, de se promettre un futur bardé de disques et de chaînes en or. Une attitude proche de celle de son classieux homologue Buck 65, qui aime à s'égarer dans sa cambrousse natale. S'en suivent trois années de tournées intensives et une plâtrée de remixes (Lady Sovereign, Rick Ross ou encore Simian Mobile Disco en redemandent d'ailleurs). Il accouche après cette période chargée d'un deuxième album d'une troublante sincérité, Afterparty Babies. Le constat est limpide : les bonnes choses arrivent souvent par hasard. Dès l'ouverture de son disque, Roland Pemberton lance : "Mon père (NdlR : un pionnier du hip-hop en radio) disait que j'étais un gosse d'after, le fruit d'un accident, ça arrive de faire des erreurs". C'est donc très logiquement que Pemberton fait "une musique qui ressemble aux gosses conçus en after"... Cadence Weapon rappe certes placidement, avec énormément de coolitude. Mais il rappe sur les instrumentaux futuristes qu'il concocte, ne se refusant aucune fioriture électronique et autre bravade disco-tonique.
Antoine Allegre


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