Chef durable

Opéra / Serge Dorny jubile, le directeur général de l'Opéra National de Lyon a trouvé chaussure à son pied. Kazushi Ono, chef japonais est nommé pour cinq saisons, l'orchestre a retrouvé un guide. Le chef permanant ressuscite à l'opéra. Pascale Clavel


Après Gardiner, Nagano, Langrée ou encore Fischer, il y eu comme un vide sidéral sur le poste du chef d'orchestre à l'Opéra. Plus personne pour donner aux musiciens cette envie de faire corps, plus de guide pour la cohérence du groupe. Bien sûr, d'excellents chefs sont passés, repassés avec chaque fois des parti pris uniques mais rien ne remplace cette fonction de permanence qui établie un véritable son à l'orchestre, qui fait l'excellence d'un ensemble. On pourrait se satisfaire de l'idée qu'un orchestre doit simplement être dirigé par de bons chefs, quels qu'ils soient. Mais un chef permanent donne pourtant à l'orchestre toute son identité. Pour ceux qui pensent encore que sous le titre se cache une grosse arnaque, soyez pleinement rassurés : Kazushi Ono sera très présent puisqu'il va diriger deux productions dans l'année sachant que l'opéra de Lyon en donne huit ou neuf par an. Il va assumer des productions sur Lyon, des productions en tournée (l'une est prévue au Japon la saison prochaine) et participera au recrutement des musiciens de l'orchestre. Initialement, lorsque Serge Dorny est arrivé à l'opéra, il a voulu un chef à ses côtés. «J'ai toujours eu l'ambition d'avoir un partenaire musical à l'opéra de Lyon, un complice musical dans la durée. il faut trouver le partenaire qui partage pleinement les valeurs qui sont les ambitions de cette grande institutions. Valeurs d'excellences artistiques mais aussi les valeurs d'ouverture».

Baguette fraîche

Kazushi Ono a une carrière époustouflante : d'abord chef assistant à l'opéra de Tokyo, il devient l'assistant de Sawallisch au Staatsoper de Munich puis directeur musical du théâtre de la Monnaie à Bruxelles. Il arrive à l'Opéra de Lyon avec plusieurs objectifs : être un chef référent, garant du développement de l'orchestre ; être celui qui recrute des musiciens correspondants à la sonorité qu'il souhaite développer. Pour lui, l'orchestre doit également être nourri de manière constante par des chefs qui peuvent ajouter une couleur, une complémentarité à son travail. Musicien extraordinaire, technicien surdoué, il est l'un des rares chefs d'orchestre à ne jamais chercher la facilité. Sa curiosité musicale et intellectuelle sont extraordinaires, son répertoire, très large va de Mozart à la musique la plus actuelle. Le programme qu'il a choisi cette année démontre bien ce qu'il veut : Le Joueur de Prokofiev, Lulu de Berg, deux œuvres âpres qui ne se laissent pas découvrir si facilement. Le public pourra se faire un avis le samedi 20 septembre ; Kazushi Ono donne sa première prestation avec un programme osé autant que surprenant :

Bernstein, Stravinsky, De Falla. Kazushi Ono
À l'Opéra de Lyon
Samedi 20 septembre


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