L'Homme de Londres

de Bela Tarr (Fr-Hongrie-Ang-All, 2h12) avec Miroslav Krobot, Tilda Swinton…


Bousculé lors de sa présentation cannoise en 2007, le nouveau film du Hongrois Bela Tarr, dont l'œuvre a eu une influence décisive sur le cinéma de Gus Van Sant, laisse perplexe. Cette adaptation de Simenon se veut intemporelle, filmant le drame d'un homme ordinaire témoin d'un meurtre sur un port dans un pays indéfini ; mais à l'arrivée, elle fait beaucoup penser à celles réalisées par Julien Duvivier dans les années 50 (Panique, notamment). Tarr partage d'ailleurs avec le cinéaste (et le romancier) la même idée d'un fatum écrasant, renvoyant l'homme à un destin implacable. Il l'exprime cependant d'une toute autre manière : des plans séquences majestueux, chorégraphiés jusqu'au moindre détail, mais qui ne laissent aucune place à l'incertitude ou aux acteurs, figurines interchangeables et sans épaisseur. Cette pesanteur tragique donne un étrange sentiment d'impuissance au spectateur, condamné à admirer passivement un film trop autarcique pour véritablement séduire.
CC


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Jean-Paul Dubois