Moderne style

Concerts / Rentrée tonitruante pour l'Épicerie Moderne avec trois concerts immanquables rien que cette semaine. Un départ raccord avec l'affirmation de la politique maison, menée par sa directrice-programmatrice, Sophie Broyer. Stéphane Duchêne


Chaque fin d'été, la rentrée approchant, l'impatience monte de savoir ce que nous auront concocté les programmateurs des salles lyonnaises. De voir aussi quelle ligne ils auront adopté, quels paris ils auront fait, avec quels partis pris, entre subjectivité, coups de cœurs artistiques et, la réalité étant ce qu'elle est, impératifs comptables. On aura ainsi pu noter en cette rentrée ce qui courait déjà depuis janvier dernier, à savoir le chemin emprunté par l'Épicerie Moderne sous la férule de sa programmatrice en poste depuis un an, Sophie Broyer. Chemin qui mène notamment en terre indé symbolisée par les passages coup sur coup cette semaine de The Notwist, docteurs ès élégance de l'électro pop teutonne, Black Lips, heureux inventeurs du «flower punk désaccordé», et Laetitia Sheriff, reine du meilleur rock rennais (et français). Le tout, agrémenté de copieuses et goûtues premières parties. Une semaine faste et particulièrement dense pour inaugurer en grande pompe notre rentrée musique. Et qui témoigne surtout d'une programmation à la pointe puisque les trois formations, encensées par la critique, viennent présenter autant d'albums impeccables chacun dans leur genre mais toujours accrochés à la branche indé. Ouverture culturelle
La patte d'une programmatrice qu'on dit enfant du rock (voir Petit Bulletin n°468) ? Oui et non répond l'intéressée : «Je suis une vraie fan de rock et je programmais déjà ce genre de rock indé à l'antipode à Rennes mais ce n'est pas nécessairement une ligne artistique. On programme aussi ce qui est dans l'air temps, car on a à cœur de suivre l'actualité musicale avec une programmation qui dégage de l'émotion et qui nous touche». Non sans un certain flair comme on a pu le constater au printemps avec la venue de la folkeuse Alela Diane, dans une Épicerie pleine à craquer, ou la prestation térébrante de Vic Chesnutt. De fait, si elle reconnaît avoir levé le pied sur le jazz, («le renouveau de la scène jazz est assez difficile à suivre, je n'ai pas envie de faire de bêtise»), Sophie Broyer n'entend pas pour autant se voir reprocher la mise en place d'une ligne trop uniforme. «On a autant de plaisir à faire Melingo (tango) que Shearwater (folk indé). Notre équipe travaille avant tout sur un projet dont la raison d'être est l'ouverture culturelle et on ne veut surtout pas s'enfermer dans un carcan esthétique qui serait contraire à ce qu'on défend». Car le tour de force de l'Épicerie Moderne est de parvenir à faire cohabiter avec une grande cohérence des projets aussi différents que Nouvelle Vague, les Young Gods ou From Monument To Masses. Sans pour autant perdre le sens des réalités économiques : «Quoi qu'on fasse on n'évite pas le business. Mais pour nous ça reste avant tout un moyen de faire de l'accès à la culture». Aussi moderne soit-on, être épicier c'est aussi avoir l'amour du produit. Black Lips + Mark Sultan aka BBQ + Surfin Matadors + Cheveu
À l'Épicerie moderne, jeudi 25 septembreThe Notwist + Married Monk Solo
À l'Épicerie moderne, vendredi 26 septembreLaetitia Sheriff + Troy Von Balthazar + Vale Poher
À l'Épicerie moderne, mercredi 1er octobre


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