Julia

ERICK ZONCA Studio Canal vidéo


Dix ans après le succès, un brin excessif, de La Vie rêvée des anges, Erick Zonca reprenait la caméra pour tourner Julia. Bilan : bide colossal, carrément injuste vue la qualité du film ! Au départ, il y a ce gros malentendu : Julia serait un remake du Gloria de Cassavetes. On cherche encore en quoi et de toute façon, la comparaison avec le cinéaste américain est grotesque : le film est un road-movie à rebondissements, et les acteurs ne cherchent pas le réalisme à la Cassavetes, mais un expressionnisme d'abord un peu gênant, puis fascinant au fur et à mesure où l'histoire prend des allures de thriller. L'introduction, flottante, ne s'appuie que sur Tilda Swinton, femme alcoolique laissant sa vie s'effondrer au gré des bouteilles et des amants d'un soir. Quand elle hérite d'une mission ridicule (kidnapper un petit garçon pour le compte du propre père du gamin), elle va s'en servir comme issue de secours à cette lente dérive. Issue qui passe par une traversée de la frontière mexicaine où le film explose littéralement, multipliant les scènes imprévisibles, tendues et haletantes. La force de Zonca réside dans sa faculté à ne jamais laisser de l'avance au spectateur, incapable de deviner dans quelle direction la séquence suivante va s'engager. Jusqu'à la fin, ouverte, où rien ne semble résolu et où pourtant tout devient logique. Redécouverte impérative ! CC


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