Auto(mne)-Immune


Disque / On avait découvert Immune au hasard d'une prestation lointaine lors du festival Dandelyon, qui, peut-être faute d'attention, était un peu, en ce qui nous concerne, tombée aux oubliettes. Les revoilà avec un disque, Not Until Morning, qui affirme une pop élégante prenant, en dépit de l'évidence le temps d'éclore : ce rattrapage automnal auquel nous nous livrons (le disque est sorti avant l'été) pourrait inciter à ramener un peu vite cet album à la saison des feuilles mortes, des ambiances rembrunies et doucement déprimées. Mais cet automne-là refuse de laisser mourir la nature, comme le souligne une pochette où les plantes grimpantes poussent en terrain hostile et désaffecté. Car au fond, ce Not Until Morning est un disque de l'aurore qui n'en finit plus de naître, amniotique et embrumée mais toujours en quête de luminosité, comme Lie Awake qui ouvre l'album. Parmi les morceaux phares, Slow backwards s'étire comme un corps courbatu qu'il faut acclimater à l'éveil. Hello lui, est un bonjour vaporeux qui cherche, et parvient, en s'extirpant du linceul d'un orgue funèbre, à saluer Sparklehorse sur son propre terrain. Un terrain meuble mais qui s'étend à l'infini. Et When we faint, électro pop débranchée poussée en arpèges, est certainement l'une des plus délicates et troublantes compositions de l'album. On regrettera peut-être, en guise de bémol, une certaine uniformité de l'objet, aux propriétés pour les uns hypnotiques, pour les autres, moins habitués à cette musique de transe, purement somnifères. Ceux notamment qui aiment se rendormir à peine éveillés, ce qui reste l'une des meilleures choses au monde. Stéphane Duchêne

Immune
Not Until Morning

(Eglantine Records/COD&S)


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