Hype et tonique

Soirée / Le hall d'exposition Eurexpo n'est pas vraiment l'antichambre du démon électronique. Avec la soirée Elektro System et sa belle affiche, on commence pourtant à y croire. Antoine Allegre


Pendant plusieurs décennies, pour se faire caresser les parties auditives du côté d'Eurexpo, il fallait compter sur une star cramoisie du disco ambiancant je ne sais quelle foire du fauteuil en croûte de porc. Et puis, les festivals Reperkusound organisés par les collectifs lyonnais Mediatone et Hypnotik ont fait leur arrivée à grands renforts de décibels et de foules technoïdes. Et quand il s'agit d'envoyer balader le mobilier, le collectif organisateur des soirées Elektro System voit les choses en grand. Pour sa 8e édition, Elektro System se paye ainsi trois cartes blanches réparties sur trois imposantes scènes. Déjà lorgnés du côté du Ninkasi Kao, les oiseaux de nuit des soirées Déstructuré distilleront leurs vapeurs electro-minimal. Un peu plus cramés, les Grenoblois du collectif Hadra pourfendeur de free parties se la donne plus sévèrement dans un style trance et psychédélique aux bouffées chargées de psychotropes. Mais l'événement majeur de cette soirée Hypnotik réside dans une carte blanche au label Dijonnais Citizen Records, maison-mère du tout aussi Dijonnais et sémillant artiste, ladies and gentlemen, Vitalic. D'abord remué par la trance allemande, il se tourne vers la house de Chicago au milieu des années 1990. Sur un obscur label indépendant, il délivre un maxi de techno pure et dure sous son pseudo Dima. À vrai dire… jusqu'en 2000 la musique n'était qu'un hobby pour un Pascal Arbez tapotant discrètement sur ses machines. Il balbutie ses premiers lives et compose en 2001 un maxi, le Poney Ep pièce fondatrice et sombre de la French Touch où figure les morceaux mythiques Poney, La Rock 01 et You Prefer Cocaine. Tissant de la sorte les contours définitifs de la musique de Vitalic : un son cruel pour les jambes, sexuel et abrasif. Arrivé aux oreilles de l'Allemand Dj Hell, fomenteur du mouvement electroclash, le teuton le signe aussitôt sur son label Gigolo Records. S'en suivra l'album Ok Cowboy en 2004 et la création de son label Citizen Records. Jusqu'en 2007 et la sortie de son album live V live, Vitalic a écumé les scènes internationales et enchaîné les remixs (pour Björk et Daft Punk notamment). Pour boucler le plateau, le dancefloor explosif des Tékël, la musique frontale d'Arnaud Rebotini, moitié de Blackstrobe, et la lionne des platines Missill viendront anéantir ce qu'il restera d'énergie sur la piste. Pour les plus motivés, une after s'organise du côté du Ninkasi Kao de 5h à midi. On n'est pas couché.

Elektro System
À Eurexpo
Samedi 4 octobre
(25 euros en prévente et 28 euros sur place)


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