Cri primal


Musique / On en reparlera sans doute la semaine prochaine avec Swell et David Grubbs, mais ces temps de crise marquent le grand retour de quelques-uns des plus ténébreux princes déchus des années 90. Un retour d'américains déprimés pour le moins raccord avec la fin de règne désastreuse de la non moins désastreuse mandature Bush. Ceux dont on parle ici, Dianogah, n'auront certes pas manqué à grand-monde puisque le pourcentage de terriens n'ayant jamais entendu parler de ce groupe avoisine celui de la perte de valeur en deux ans de l'action d'une banque d'investissement française dont on taira le nom : soit plus de 90 %. Pourtant, à sa manière, Dianogah a bâti un pont (du genre qui ne voit jamais le soleil) entre deux panthéons des 90's : le son du mythique producteur Steve Albini (Nirvana, Pixies, PJ Harvey et même, Dionysos) qui officia sur leur premier album, As Seen From Above (1995), et le post-rock chicagoan le plus orthodoxe avec Tortoise. C'est en effet John Mc Entire, de Tortoise, qui produit le bien nommé Qhnnnl, comme il l'avait fait pour le précédent en 2002. Là (actualité oblige ?) le groupe semble tiraillé à juste titre entre post-rock shooté à l'espoir naïf («on dirait qu'Obama gagnerait et ferait fuir la récession avec son beau sourire crayeux») et punk à s'en coller une dans la tempe («on dirait que McCain clamserait au bout d'un mois et que Sarah Palin serait la première présidente créationniste des USA»). Inouï comme le rock le plus obscur peut parfois éclairer la réalité d'un bon «Qhnnnl !», juste au moment où on pensait ne plus en pouvoir.
Stéphane DuchêneDianogah + Papier Tigre
A Grrrnd Zero Vaise
Vendredi 10 octobre


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