Misère de misère


Classique / Le Concert de l'Hostel Dieu ouvre sa saison Chiaroscuro par un concert en forme de triptyque. Trois Miserer dans la même soirée, en équilibre entre ombre et lumière. Franck-Emmanuel Comte qui tricote ses programmations avec finesse, se lance cette saison un beau défi : faire connaître au plus grand nombre un univers musical d'un beau mysticisme et faire découvrir des œuvres exigeantes de l'époque baroque. Les trois Miserer proposés en un concert sont de texture très différentes mais renvoient tous à la nuit et donnent à entendre toute la fragilité de l'être humain. De là leur beauté sombre, de là une émotion constante. À entendre et réentendre celui d'Allegri, le plus joué, on peut légitimement se demander pourquoi il transcende les foules. C'est une véritable énigme que cette œuvre du XVIIe siècle, en double chœur puisse émouvoir encore. Le secret réside certainement dans la radicalité d'écriture étrangère à nos contemporains. A Cappella, sans aucun instruments pour distraire de la puissante symbolique du texte. Comte donne une hypothèse : «L'écriture du Miserer d'Allegri, en double chœur et a cappella, est finalement très archaïque. C'est ce dépouillement qui a fait sa séduction». Les deux autres Miserer sont moins connus, peut-être moins mystiques mais restent remarquables d'inspiration. Celui de Zelenka comme celui de Hasse s'éloignent de la vocation religieuse du Psaume 50 et se destinent plus au concert qu'à l'office religieux. Allons-y, il y aura de la lumière.
Pascale ClavelMiserere
Allegri, Zelenka, Hasse
Abbaye d'Ainay
Mercredi 15 octobre


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