L'effet Doppler


Musique / Le premier titre de Songs to Defy, nouvel album des Lyonnais de Doppler, aurait pu être entonné par Christine Lagarde et un chœur de polyphonies libérales baptisé le Mystère des Voix Boursières. Il clame en effet We're not sick mais contient les germes de la maladie, annonçant la catastrophe qu'il prétend nier. Dégât collatéral, sans doute, de l'effet Doppler, soit, selon nos amis ingénieurs, le décalage de fréquence d'une onde acoustique entre la mesure de l'émission et celle à la réception lorsque la distance entre l'émetteur et le récepteur varie au cours du temps. Autrement dit, quand la crise approche, on peut toujours la nier en essayant de courir. Ou faire comme Doppler et poser l'équation dès la première seconde de l'album, timbre nasillard d'antique animateur radio : «il-faut-que-ça-gueule». Ensuite ? Eh bien ensuite ça gueule. Songs to Defy n'est que le second album de Doppler en dix ans d'existence, ce qui explique peut-être que la déferlante sonore qu'il induit et la rage qu'il transporte ne sont toujours pas jugulées. Et si l'on reproche souvent aux albums bruitistes de ne chercher qu'à remplir le silence, cette déferlante-là est loin d'être uniforme. Hard mais aussi groovy, le groupe déploie dans la plus parfaite urgence une puissance de feu mélodique rare en cette chapelle noise. À l'occasion de la sortie de cet album événement de la scène noise lyonnaise, le Clacson d'Oullins propose à Doppler une carte blanche que le groupe ne manquera pas de noircir avec la même hargne que sur ce Songs to Defy.
Stéphane DuchêneDOPPLER
Au Clacson (Oullins)
Vendredi 17 octobre
«Songs to Defy» (SK Records)


<< article précédent
Carole Liogier