I'M FROM BARCELONA Who Killed Harry Houdini ?

Capitol Records


On avait laissé la troupe suédoise I'm From Barcelona en pleine euphorie, riant et chantant contre vents rabat-joies et marées tue-l'amour dans une belle et enviable insouciance (genre on vit dans les arbres et on chante «la-la-la»). Revoilà les gens d'Emanuel Lundgren en proie à une substantielle baisse de moral symbolisée d'entrée par cet Andy chipé à Berlin (se souvenir de la BO de Top Gun). À se demander si ce joli monde n'a pas joué son bonheur en bourse. Le titre même de l'album porte un coup au foie de tous ces magiciens de la vie qui se sortent sans les mains des pires avanies : Who killed Harry Houdini ? Mais après les envolées diabétiques du premier album, cette récession de l'humeur permet à Lundgren d'être plus attentif à ses envies de compositeur adulte (sur le luxuriant Music Killed Me ou le livide Gunhild en duo avec SoKo) et de les tenir jusqu'à terme avec Little Ghost et Rufus. Que les béats se rassurent, le soleil pointe toujours le bout de son nez à coups de banjos, de glockenspiels ivres ou de chœurs séraphiques (Mingus ou Paper Planes se chauffant du même bois qu'Arcade Fire). Mais maintenant qu'on sait que les «Houdini» meurent aussi, la félicité est à prendre d'autant plus au sérieux. D'où l'invention brevetée par ce disque : le concept de «bonheur responsable».
SD


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