"C'est bon de connaître ses fondamentaux"

Jean-Marc Mougeot, directeur du festival hip-hop L'Original, parle des anciens. Propos recueillis par Antoine Allègre


Petit Bulletin : Pourquoi le hip-hop a-t-il tant besoin de ses pionniers ?fvfdv
Jean-Marc Mougeot : On frôle la légende urbaine lorsqu'on arrive à faire venir ces pionniers chez nous. Ils restent des références. Afrika Bambata ne fait peut-être plus que des dj set, mais il a tout de même créé la Zulu Nation, les block parties et le slogan du hip-hop Peace, Love, Unity and Having Fun. Les NTM, à quarante ans passés, remplissent cinq fois Bercy. Le hip-hop est trop vite considéré comme une culture de jeune. Le hip-hop est certes jeune mais a besoin de ses vieux parce que c'est bon de connaître ses fondamentaux.

Comment expliquez cette omniprésence des «anciens» dans le cœur des fans ? Parce qu'un enfant turbulent a toujours un peu besoin de ses parents ?
Les pionniers du hip-hop ne s'adressent pas forcément aux jeunes, c'est au-delà de ça. Le hip-hop n'est pas un truc de minots. Il existe les papys du rock, il y a donc les papys du hip-hop. Ils ne sont pas dépassés. Ils ne l'ont peut-être plus le feu comme avant mais en tout cas, il le traîne derrière eux, ainsi que la curiosité et la dynamique.

On a parfois l'impression que les pionniers de cette culture ont du mal à passer le flambeau à la jeunesse ?
Certains sont aigris. Les premiers à avoir initié le mouvement n'ont pas récolté les fruits de ce qu'ils ont semé. Leur mythe c'est parfois tout ce qu'il leur reste. L'industrie du disque est arrivée après eux et les a oublié. La roue tourne, ils enchaînent les tournées en Europe et prennent leur revanche. Ils tentent parfois de monnayer tout ce qu'il y a à monnayer. On parle de bling-bling dans le rap mais certains pionniers, dans la vraie vie, sont facteurs, chômeurs…


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