Prof d'université dans le Connecticut, Walter Vale traîne une dépression larvée depuis la mort de sa femme, pianiste de renom. Envoyé à New York pour une conférence, il trouve son appartement squatté par un couple qu'il refuse toutefois de mettre à la porte. Tarek est Syrien, Zainab est Sénégalaise et tous deux sont en situation irrégulière. Passées les réticences de départ, une amitié s'instaure entre Walter et ses hôtes, jusqu'à ce que Tarek soit arrêté dans le métro après un contrôle de police. Tom McCarthy, réalisateur du moyen The Station Agent, se lance ici dans une tentative risquée mais payante de mélodrame politique et engagé. Si l'Amérique en prend encore une fois plein les dents, McCarthy a l'intelligence de ne jamais quitter le point de vue de son personnage et ses motivations, aussi opaques que le visage de l'excellent Richard Jenkins (le père défunt de Six feet under). Ce solitaire, apathique plus que sympathique, trouve une raison de sortir de sa torpeur et espérer faire enfin son deuil. C'est par la musique que cette mutation s'effectue : McCarthy arrive à faire passer l'idée improbable d'un blanc sexagénaire s'initiant au djembe en cherchant constamment dans sa mise en scène la note juste. The Visitor évoque ainsi la rencontre des cultures comme un changement de territoire, plutôt qu'un partage forcément déséquilibré. Délicat et mélancolique, The Visitor est vraiment un joli film. CC