Bons mots de Rothko

Propos réunis par JED


Bon appétit !
Rothko s'exprimant au sujet d'une commande d'un restaurant chic dans l'immeuble Seagram à New York («un endroit où les salauds les plus riches de New York vont venir manger et se montrer»)
Je n'accepterai plus jamais un boulot comme celui-là. En fait, j'en suis venu à croire qu'aucune peinture ne devrait jamais être exposée dans un lieu public. J'ai accepté cette tâche comme un défi, avec des intentions rigoureusement malveillantes. J'espère peindre quelque chose qui détruira l'appétit de tous les fils de pute qui viennent manger dans cette salle. Si le restaurant refusait de mettre au mur mes peintures, ce serait un ultime compliment. Mais ils ne le refuseront pas. Les gens supportent n'importe quoi de nos jours.
(Extraits de Rothko, Écrits sur l'art (1934-1969), Champs Flammarion. Propos rapportés par John Fischer à l'occasion d'une rencontre avec Rothko en 1959 et publiés en 1970)

Un peu de rab ?

Je hais et je me méfie de tous les historiens d'art, des experts, des critiques. C'est une bande de parasites qui mangent sur le dos de l'art. Leur travail n'est pas seulement inutile, il est aussi trompeur. Ils ne peuvent rien dire qui soit digne d'être écouté sur l'art ou les artistes, à part des anecdotes personnelles- qui sont parfois, je vous l'accorde, intéressantes. Une peinture n'a pas besoin que quelqu'un explique ce dont elle parle. Si elle a une quelconque valeur, elle parle d'elle-même, et un critique qui tente d'ajouter à cette déclaration-là est présomptueux. (ibidem)

Portrait
Quelle est l'image populaire de l'artiste ? Glanez un millier de descriptions et vous obtiendrez, au total, le portrait d'un crétin : il est réputé puéril, irresponsable, ignare ou nigaud dans la vie quotidienne. (in Rothko, La Réalité de l'artiste, Champs Flammarion)


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