Black christmas Bob Clark Wild side


En 1974, le Canadien Bob Clark fait faire un pas de géant au cinéma de terreur avec ce Black Christmas. Dans une pension pour jeunes étudiantes, un mystérieux tueur visiblement schizophrène a décidé de trucider une par une ses habitantes. Comme dans tous les films qui reprendront les règles de ce slasher séminal, la question centrale est où est-il ? Le film répond dès l'ouverture par un plan en caméra subjective où l'assassin s'introduit dans la pension. Mais la force de la mise en scène consiste à ne pas dessiner trop clairement la géographie de la maison, si bien qu'il y a toujours un angle mort d'où le tueur peut surgir. D'ailleurs, il ne surgit jamais, et c'est l'incroyable culot de Black Christmas : assassin aux voix multiples mais sans corps ni visage, il est jusqu'au bout un danger abstrait et insaisissable. Carpenter reprendra dans Halloween l'idée de cette menace fantôme qui rôde derrière les plans, dans ses amorces ou dans son hors champ. Pour Clark, le slasher est aussi l'occasion de mettre à mal l'hypocrisie puritaine de l'époque : rejet de l'avortement, stigmatisation des drogues douces, crainte de la mixité et de la sexualité en général. Les forces de l'ordre sont ridiculisées, comme si l'autorité, qui fait encore semblant de bander ses muscles, allait bientôt devoir revoir ses prétentions à la baisse. Ça, c'est de la bonne série B ! CC


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