Juste une mise au point : Tom Jenkinson alias Squarepusher est infatigable, et sa productivité depuis plus de quinze ans a pu en laisser beaucoup sur le bord du chemin. De ses premiers disques de drum'n'bass bourrés de breakbeats à sa conversion inattendue au jazz rock, en passant par une brève période two-steps, Squarepusher a toujours cherché à aller de l'avant, sans pour autant se trahir. Just an illusion : chaque disque, telle la mémoire bergsonienne, vient enrichir le suivant, laisser une trace, modifiant en douceur l'approche de Jenkinson et créant un sentiment de continuité dans l'œuvre qui en fait le prix. Just a souvenir : un de ses meilleurs albums, regorge de trésors, arrive à surprendre encore, danse le jerk électronique, groove des platines en singeant Kraftwerk, se la joue punk avec des guitares virtuelles qui crachent, reprend le chemin des clubs jazzy, regarde la voûte étoilée en rêvassant… Humains après tout, disaient les Daft punk. Comme Katerine, Squarepusher préfère un devenir robots, où la frontière entre l'organique et le synthétique serait définitivement abolie, où balades acoustiques et rides électroniques cohabiteraient harmonieusement. Avec le grandiose album de Portishead, c'est peut-être la meilleure utopie musicale de 2008. CC