Asia Masala

Festival / Tel le glorieux bambou, le festival Asiexpo tord mais ne rompt pas. Entre deux événements prestigieux, il s'en va même fureter du côté du meilleur du cinéma Bollywood. François Cau


De plus en plus délaissés par une distribution française qui crie de plus en plus ton nom, Injustice, les fans lyonnais de cinéma asiatique auront heureusement de quoi compenser leur manque avec la programmation de cette 14e édition. Les geeks seront les premiers ravis, avec du Z (Tokyo Gore Police) mais surtout de l'animation de qualité : le très beau Amuri in Star Ocean satisfera l'appétit des fans de SF hystériques, tandis que les autres pourront savourer le très attendu Rebuild Evangelion : 1.0 you are (not) alone. Derrière ce titre se cache une superbe relecture en long-métrage des six premiers épisodes de la série culte d'Hideaki Anno, déroutant trip métaphysique sur fond de joutes de robots géants. En dehors de l'animation, la Corée sera une nouvelle fois à l'honneur, avec notamment la projection en clôture du très glauque The Chaser, terrassant jeu du chat et de la souris entre un tueur en série et un ancien privé reconverti en maquereau ; et, bien évidemment, la venue du gigantesque Choi Min-sik en invité d'honneur. L'immortel interprète du Old Boy de Park Chan-wook viendra présenter, outre ce chef-d'œuvre ultime, le mélo Failan, le beau mais pontifiant Ivre de femmes et de peinture, et l'aguichant inédit Notre héros défiguré.

Bombay en force

En marge de ces festivités, Asiexpo a donc courageusement opté pour une programmation Bollywood au sein de la manifestation. D'aucuns pestent déjà, rassurons-les : les films choisis brillent par leurs qualités cinématographiques et surtout pour leur côté frondeur dans une industrie ravagée par la codification esthétique et le prosélytisme à outrance des valeurs traditionnelles. Bobby de Raj Kapoor (1973) fut ainsi en son temps un plaidoyer virulent pour l'amour entre castes différentes (la patine des ans a tout de même amoindri sa portée). Dil se de Mani Ratnam (1998) offre quant à lui un regard rarissime sur une Inde ravagée de l'intérieur par les luttes indépendantistes et séparatistes – ce qui explique son impopularité en Inde, et ce en dépit de la présence du dieu vivant Shah Rukh Khan dans l'un de ses meilleurs rôles. Enfin, Om Shanti Om de Farah Khan (2007) se pose comme le Bollywod ultime : un mélodrame outrancier, parodiant vertement l'industrie, conscient de ses écueils sans jamais tomber dans la condescendance, le tout flanqué d'une bande-son qui déchire – si vous ne devez en voir qu'un seul, que ce soit celui-là ! Dans cette dynamique, on regrettera juste la présence du pompier drame historique Jodhaa Akbar d'Ashutosh Gowariker au sein de cette sélection.

Asiexpo
Au Cinéma Opéra
Du 4 au 9 novembre


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