Dick Annegarn

Soleil du soir Tôt ou tard


Disque après disque, Dick Annegarn s'approche de l'excellence. Mais attention ! Cette excellence n'a rien à voir avec une prétention à la perfection. Ce qui est beau dans l'art de Annegarn depuis son grand retour (Approche-toi, 1997), c'est sa modestie, son côté artisanal, cette manière de fabriquer de la musique au plus près de la terre. On l'a déjà dit il y a longtemps, mais Dick Annegarn est un ultra-terrestre, et ce disque simple et bouleversant le confirme encore : il suffit d'écouter la manière dont il rend hommage à Brel (Jacques, chanson splendide) pour le comprendre. Pas de grandes envolées, pas d'emphase, mais de la simplicité, de la sincérité, de l'humour, de la tendresse. À hauteur d'homme, en sorte. Les blues rugueux et épurés qui composent l'album ont beau, de temps en temps, se parer de quelques arrangements de cordes, il n'y a rien qui distrait l'auditeur de l'essentiel. À savoir, une façon unique de parler des autres, de tous les autres (Sans famille s'adresse, avec une grande subtilité, à tous les apatrides), et de s'en faire des amis, pour la vie (Théo, belle déclaration) ou pour la musique (un trio plein de fantaisie avec Matthieu Boogaerts et Vincent Delerm où ils répètent, en rigolant, qu'ils sont le nombril du monde !). Grand disque, assurément. CC


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La revanche du chasseur