Dominique A Un bon chanteur mort

La machine à cailloux


Dans cette collection qui donne la parole à des chanteurs français ayant des choses à dire le temps d'un livre guère plus long qu'un album, l'ouvrage de Dominique A était très attendu. Et s'il surprend, il ne déçoit pas. Le bon chanteur mort du titre, c'est lui parmi d'autres, dans la perspective mélancolique où une œuvre ne sera jamais évaluable qu'une fois son créateur passé de vie à trépas. Mais plus encore, Dominique A pense que certains artistes semblaient morts de leur vivant, qu'ils chantaient «comme s'ils n'étaient plus parmi nous». En écho à cette réflexion centrale, tout le livre paraît écrit comme un étrange requiem : retour aux premières émotions musicales, à l'enfance, aux premières démos (précoces), à l'adolescence, au premier album (le minimaliste et inoubliable La Fossette)… Ces fragments sont ponctués par un regard détaché, presque extérieur, sur sa manière d'écrire, le travail en studio, les concerts. Écrit avec une langue qui elle aussi à l'air de sortir d'un ailleurs intemporel (les «oui-da» sonnent comme une provocation au jeunisme ambiant), Un bon chanteur mort se termine sur un paradoxe : l'originalité ne naît pas forcément des gens qui se veulent originaux, mais aussi de ceux qui veulent «faire comme». Du coup, un chanteur est condamné à se chercher sans jamais atteindre l'objectif qu'il se fixe. «Quand arrête-t-on de commencer ?», demande en guise de conclusion ouverte Dominique A. CC


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Dick Annegarn