BRETT ANDERSON Wilderness

Drowned in sound


Qui se souvient de Brett Anderson, grande gigue qui officiait il y a de cela deux septennats à la tête d'un groupe aussi essentiel qu'agaçant, Suede ? L'ex-icône androgyne post-bowienne avait beaucoup baissé de pied (mise sous perfusion de Suede, formation de The Tears) puis évacué le paysage après sa séparation d'avec son acolyte guitariste d'alors, Bernard Butler. À tel point que l'on moquait ses manières jadis encensées (quel foutu album que ce Dog Man Star pondu à quatre mains), sous le vocable de «castafiotte» (assumé depuis avec délectation par Rufus Wainwright et les adeptes de la pop en hermine). Certes le grand Brett revient, moins empâté qu'on ne l'aurait cru et vacciné des arrangements façon lustres en cristal trempés dans la crème fouettée. Sa voix, plus dépolie mais intacte, avec ses inflexions qui donnent des frissons (Blessed ou Back to You en duo avec Emmanuelle Seigner), se mire dans un humble piano et quelques menues cordes. Humble, c'est d'ailleurs la facture de cet album à l'opposé de son titre sauvageon. Sombre aussi, évoquant parfois l'humeur maussade d'un Martin Gore en vacances de Depeche Mode. James Blunt peut donc aller se rhabiller, il ne suffit pas de faire pleurer un piano en glougloutant pour se mettre à nu. À réserver, toutefois, aux jeunes filles rêveuses et aux garçons masochistes qui aiment téléphoner à leur maman. Mais c'est le cas de presque tous les disques, alors bon. SD


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