L'épreuve Hoghe


Danse / Né à Wuppertal en 1949, ancien dramaturge de Pina Bausch (de 1980 à 1990), Raimund Hoghe s'est lancé dans la danse en 1994 avec un premier solo, Meinwärts. Bossu, l'interprète et chorégraphe répète à l'envi avoir «jeté son corps dans la bataille». Depuis, toutes les scènes se l'arrachent. Par snobisme moutonnier ? Pas seulement, car les pièces de Hoghe, difficiles d'accès, donnent à voir une beauté singulière, faite de gestes rares, de lignes de tension entre des corps immobiles disséminés ici et là sur le plateau, de rituels lents, ressassés et élégants. Une danse réduite à l'essentiel donc : à l'émergence d'un mouvement, une posture, un rapport sensible à l'espace et à ses potentialités dramatiques. Depuis 2004, Raimund Hoghe revisite les grands classiques de l'histoire de la danse : Le Sacre du printemps, Le Boléro et le Lac des Cygnes… Soit autant d'épreuves ! Épreuve pour le public qui doit accepter les durées longues de Hoghe. Mais aussi épreuves au sens quasi photographique du terme : à partir de négatifs ou de clichés de la danse, Hoghe tire des épreuves, des essais et des expériences, déconstruisant le mouvement, soulignant un trait, en étirant un autre, immergeant son propre corps et ceux de ses interprètes parmi la pénombre nostalgique d'une danse rêvée. A propos de Swan Lake, il déclare : «Je ne fais pas une parodie du Lac, c'est sans intérêt. Je cherche à incarner, tout en restant abstrait, un rêve d'amour plein de malentendus. J'ai rêvé ce Swan Lake comme on rêve d'amour».

Raimund Hoghe au Théâtre de la Croix-Rousse : Boléro Variations le 13 novembre, Swan Lake le 15 novembre.

JED


<< article précédent
Flashback