En coup de vent


Expo / Artiste néerlandais né en 1961, Jan Ros peint à partir de photographies projetées. Beaucoup d'immeubles, des stations service, des maisons à la campagne, des architectures modernes remarquables… Une fois sa toile terminée, il applique une brosse pour lui donner un effet «flouté», une sorte d'impression de vitesse. Comme si ses images étaient perçues à travers la vitre d'une voiture roulant à tombeau ouvert. Jan Ros recouvre enfin la plupart de ses toiles d'une sorte de résine qui leur donne un aspect glacé, celui de photographies au tirage brillant. Dans le sillage d'un Gerard Richter, il joue ainsi d'oppositions entre l'objectivité photographique et la subjectivité picturale, la monumentalité architecturale et l'impression individuelle fugace, la figuration et les limites de l'abstraction… Jan Ros peint aussi des avions de ligne, des catastrophes aériennes, des ouragans, des voitures soufflées par des bourrasques et projetées au gré du vent. La pierre et la poussière, la technique et la catastrophe : par bien des aspects, ses toiles ressemblent à des vanités de la vie contemporaine. Mais elles sont aussi et surtout ancrées dans une sorte de sensibilité nouvelle où, comme l'écrit Paul Virilio, le temps a remplacé l'espace, la vitesse instantanée les notions de durée, de traversée, d'expérience longue. Notre regard comme notre environnement technologique sont pris d'une folle accélération, toujours au bord de l'accident ou de la rupture. Jan Ros peint le monde tel qu'on le voit autant qu'il se donne, au fond, lui-même à voir : c'est à la fois fascinant et un peu effrayant. Jean-Emmanuel DenaveJan Ros, « Focus »
À la galerie Olivier Houg jusqu'au 31 décembre.


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