Credo créole


Musique / L'expression consacrée dit qu'on ne peut pas «aller plus vite que la musique». Mais si le monde allait seulement aussi vite, ça serait bien… Force est de constater que des histoires comme celle de Mélissa Laveaux ne sont encore que de jolies anecdotes musicales. Cette jeune fille, née à Montréal de parents haïtiens (ce qui lui fait deux points communs avec Régine Chassagne, chanteuse-violoniste d'Arcade Fire) décide, après des études de piano très prématurément avortées (elle a perdu le chèque de sa première leçon !), d'apprendre la musique seule en jouant de la guitare, jusqu'à composer ses propres chansons. Derrière cette décision, on imagine l'écoute attentive des grands songwriters américains (elle reprend ainsi sur son premier album Needle in the haye d'Elliott Smith). Mais les racines de Mélisa vont teinter d'impureté ces folk songs grâce à une très originale approche rythmique : les accords de guitare claquent comme des percussions et on y entend autant le bruit des doigts sur les cordes que les notes, proche en cela des meilleurs blues sudistes ; le temps d'un morceau, ce sont des percussions vocales qui assurent l'introduction sur un rythme traditionnel indien. Mais c'est quand Mélissa Laveaux choisit d'interpréter certaines chansons en créole que l'on perçoit le mieux cette déterritorialisation salutaire. Dans cette langue où il n'y a que des noms et des verbes, la musicalité est évidente, naturelle. On saura gré à Mélissa Laveaux de l'avoir sortie du ghetto zouk pour la faire accéder aux beaux quartiers folk. Si le monde allait aussi vite que la musique… CCMélissa Laveaux
Au Sirius mardi 2 décembre
«Campher and copper» (No format/Universal)


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