Ratatatouille


Électro / «Ratatat» ce pourrait être le bruit que fait une tendance, une hype, quand elle en dégomme une autre dans le dos, la laissant gisante au panthéon de la mémoire courte, cimetière désaffecté pour démodés. Pourtant, on ne peut pas dire que Ratatat fasse beaucoup de bruit, agissant essentiellement dans l'ombre, récoltant quelques lignes spécialisées par-ci par-là, gagnant le respect mais rarement les honneurs de la pompe. Normal, le duo new-yorkais, composé de Mike Stroud (guitariste) et Evan Mast (programmeur et homme à tout faire), tient plus de l'association de guérilleros en fripes que de l'équipage de char d'assaut rutilant. Leur production maraudant dans d'obscurs marécages où la brume du post-rock recouvre le terreau électronique. C'est Ratatat, l'album, qui a révélé en 2004 Ratatat, le groupe, leur inimitable squelette rythmique dépourvue de nippes superflues donnant l'impression de s'être collé au radiateur pour ressembler à du Kraftwerk en plastique fondu. Mais le duo est tout autant reconnu pour ses multiples remixes interdisciplinaires, du hip-hop (beaucoup) à la pop en passant par le dance-floor. Comme peu d'autres avant eux, ces passeurs réussissent ainsi le tour de force de susciter autant l'admiration des indés hardcore que celle des amateurs de musique dansante. Si bien que si Ratatat officiera cette fois au prochain Écho Sonore, il n'aurait pas été étonnant de les voir programmés au cœur d'une soirée marathon estampillée Grnd Zero. Voilà bien l'un des avantages de ne point chercher à gagner les faveurs de mademoiselle la Mode et d'être toujours mal fagoté : l'assurance de n'être jamais démodé. Stéphane DuchêneÉCHO SONORE 63
RATATAT+DJEDJOTRONIC+COSMOS70
À la Plateforme, vendredi 28 novembre.


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