Têtes d'affiche et têtes brûlées

Entre déferlement de stars et grincements de dents ou d'orteils des enfants terribles de la danse, le premier semestre chorégraphique s'annonce tout simplement palpitant ! Jean-Emmanuel Denave


Dès la semaine prochaine, la programmation de la Maison de la Danse débute fortissimo avec la grande chorégraphe allemande Pina Bausch (du 15 au 17 janvier). Elle présente à Lyon l'une de ses œuvres phares, Kontakthof (1978), transmise à 26 adolescents. Un théâtre dansé de la séduction, de l'érotisme et de la rencontre heureuse ou ratée, avec des mouvements tantôt linéaires et policés, tantôt délurés et incongrus. Incongru, Philippe Decouflé l'est sans doute lui-aussi. Mais dans Solo (du 28 janvier au 7 février), le chorégraphe se défait de ses frusques baroques et de son esprit de troupe pour se retrouver seul face à lui-même et à ses doubles projetés. Plus incongru encore, le créateur des Ballets C. de la B., Alain Platel crie Pitié ! (du 25 au 28 février) avec 10 danseurs, 4 chanteurs et 7 musiciens interprétant la Passion selon Saint Matthieu de Bach. Une création récente qui s'annonce aussi fêlée, éclopée et géniale que Vsprs présentée lors de la Biennale 2006. La Maison de la Danse programme encore trois grandes figures de la danse contemporaine : feu Maurice Béjart (à l'Amphithéâtre Cité Internationale du 11 au 18 mars), Alonzo King (du 19 au 28 mars) et, surtout, le japonais Saburo Teshigawara (du 14 au 16 mai), maître de l'abstraction fluide et du corps à corps avec la lumière… Ailleurs, on pourra revoir la Giselle de Mats Ek interprétée par le Ballet de l'Opéra (du 22 au 29 mars) et rien moins que trois versions des Noces de Stravinski : sa version d'origine et une relecture par Tero Saarinen au Toboggan (le 27 mars), et celle de Angelin Preljocaj (le 29 avril au Toboggan).Mauvais genres
A près de 60 ans, Maguy Marin n'a pas pris une ride et reprend, gonflée (tant la réaction du public fut âpre), son très grand œuvre Umwelt sur les lieux mêmes de sa création (au Toboggan du 19 au 21 mars). Jusqu'à l'hébétude et à l'hypnose, la chorégraphe renvoie ici l'image du tourbillon inconscient de notre univers quotidien et trivial. Aussi téméraires et sulfureux que leur illustre aînée, plusieurs figures de la nouvelle scène contemporaine seront à Lyon aussi cette saison : Christian Rizzo reprend Comme crâne, comme culte à la Maison de la Danse (du 26 au 28 mars) et créera une nouvelle pièce avec le Ballet de l'Opéra au Toboggan (du 9 au 13 juin), tandis qu'Alain Buffard transmettra parallèlement au Ballet son si bien nommé Mauvais genre. Du côté des Subsistances, Thomas Lebrun et Doris Ulrich joueront de leurs physiques peu conformes aux canons de la danse (du 5 au 10 mars), et le prochain week-end Ça tchatche (du 23 au 26 avril) accueillera nombre de chorégraphes atypiques.


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