Cette Chauve-souris a du chien


Opéra / Les fêtes de fin d'année s'annoncent bien à l'opéra. La Chauve-souris est un beau spectacle, la direction d'acteurs est rondement menée, Peter Langdal signe une mise en scène respectueuse et soignée, au plus près du texte, sans être consensuelle. Deux, trois trouvailles rendent le tout vraiment très drôle : imaginez un cuisinier venu de nulle part conversant seul et par son langage improbable parvient à faire éclater de rire une salle entière. Tout fonctionne intelligemment, le public s'amuse, les sourires s'affichent, mais comme c'est bon ! Le rythme s'immisce partout, dans les quiproquos qui évitent du coup la lourdeur, dans le jeu des chanteurs pour lesquels l'investissement physique est un véritable exploit, enfin dans la direction d'Emmanuel Krivine qui joue avec le rythme comme si sa propre vie en dépendait. Une distribution exemplaire et homogène à commencé par Nicola Beller Carbone qui campe une Rosalinde hypocrite à souhait, vocalement percutante. Le chef d'orchestre et le metteur en scène forment donc un couple remarquablement efficace et pour cette production de la Chauve-souris, ils ont simplement fait confiance à la capacité d'une œuvre à s'imposer d'elle-même sans réinterpréter ni illustrer chaque action. La satire d'une bourgeoisie bouffie d'orgueil et de mensonge marche à merveille et reste d'une grande et inquiétante actualité.La Chauve-souris
À l'Opéra de Lyon jusqu'au 1er janvier.


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L’Œil du mal