Bienvenue chez Guitry


Théâtre / Malraux vient d'obtenir le Goncourt, Hitler accède démocratiquement au pouvoir, Roosevelt propose le New Deal. Les infos de France Actualité de 1933 défilent sur écran géant et Guitry invite en son salon. Rien de bien nouveau dans cette intrigue de vaudeville, un peu moins pétillante qu'un Labiche : un bourgeois cherche à faire connaitre toutes les vérités de sa famille où chacun a trompé l'autre, si possible avec un ami du couple et où des enfants secrets sont cachés dans le placard. L'inscription dans le temps enlève un peu de légèreté à ce texte frivole mais y rajoute un plomb salutaire : dire tous les secrets de la sphère privée était loin d'être une évidence dans les années 30. Et à entendre les rires presque libérateurs de la salle, il semble que ce ne soit pas toujours le cas. Guitry, marié cinq fois, fustige le mensonge et les serments de fidélité éternelle devant le maire quand ce n'est pas devant l'Église, prône la désunion libre et se moque de ce monde qui fait suffisamment de progrès technologiques pour relier Paris à New-York en quelques heures mais où le Moyen-Âge règne encore au sein des foyers. Le metteur en scène, Daniel Benoin, convie les spectateurs chez Guitry. Ceux qui ne sont pas traditionnellement dans les gradins sont en fond de scène ou sur la quinzaine de canapés (très confortables !) qui quadrillent la scène ne laissant plus que des passages labyrinthiques aux personnages pour déambuler. Coincés dans les méandres d'un plateau qui les enserrent volontairement, les comédiens, dont les pimpants Marie-France Pisier et François Marthouret, s'amusent à être graves. Nadja PobelLe Nouveau testament
Au Théâtre de la Croix-Rousse jusqu'au 18 janvier.


<< article précédent
Les Trois singes