Miroir, mon beau miroir…

Entretien / Serge Dorny, directeur de l'Opéra National de Lyon. Propos recueillis par Pascale Clavel


Petit Bulletin : Après un festival Japon tout en sensualité, vous apportez un festival puissant où la folie, la déchéance et la mort ne sont jamais loin. Comment entrer sans appréhension dans les trois opéras programmés ?
Faut-il comprendre que ces trois œuvres ont un message universel et ce pouvoir de questionner tout homme sur ses dysfonctionnements ?

C'est un festival de passions. Passion du jeu, passion amoureuse aussi... Dans Le Joueur, Alexeï a une véritable passion pour Pauline. Lorsqu'il joue au début, c'est juste pour faire plaisir à cette femme. Dans Le Vin herbé, Tristan aime passionnément Iseut, passion qui va mener à la mort. Dans La Colonie pénitentiaire, le sujet est différent mais l'officier a aussi une passion : passion de ce qu'il fait, passion de la torture… Trois moments en forme de miroir ? Trois opéras pour se regarder être ?
Oui, c'est certain. Est-ce qu'Alexeï n'est pas notre propre reflet ? L'amour libre de ce qu'il aime n'existe pas, l'amour sans objet n'existe pas, l'amour détaché n'existe pas. Ces trois histoires parlent de gens passionnés, elles parlent aussi de nous. On se perd dans l'amour. La fragilité humaine est questionnée par chacun de ces trois opéras avec une force exceptionnelle.


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