Matt le hurleur


Fondateur vénéré de Third eye foundation, un nom de groupe de métal qui cachait en fait un homme seul faisant de la drum'n'bass ténébreuse et mystique, Matt Elliott a, depuis qu'il a récupéré son patronyme, pris le large. The Mess we made, l'album de la rupture, transcrivait de manière organique les épanchements électroniques précédents, et reste un de ses putains de bon disque que l'on ne se lassera jamais de redécouvrir. Elliott se lança ensuite dans une trilogie marquée par une envie de chanter malgré ses maigres capacités vocales ; ce timbre rauque et caverneux a toutefois gagné un charme entêtant au fil du temps. Failure songs, Drinking songs et aujourd'hui Howling songs correspondent aussi à l'errance de leur Anglais d'auteur à travers l'Europe, un temps fixé en France, puis en partance pour l'Espagne, avec quelques séjours en Allemagne au milieu. C'est pourtant la musique des Balkans qui s'est engouffré dans son œuvre, avec des accords de guitares gitanes virant parfois vers une sorte de «flamenco brisé» (titre d'un de ses derniers morceaux). Mais la vraie nature de cet homme étrange, sentimental et dépressif, politisé tendance radical (Bomb the stock exchange, autre titre du nouvel album) est de piétiner les étiquettes pour inventer son propre monde musical, dans lequel il compose d'hallucinants morceaux de bravoure allant jusqu'à 11 minutes, remplis d'inquiétudes et de hurlements. Cela ressemble, à l'arrivée, au fracas d'un monde où les ruines poussent plus vite que les tours d'affaire…

Matt Elliott
À Grnd Zéro Vaise, samedi 24 janvier
«Howling songs» (Ici d'ailleurs/Differ-ant)


<< article précédent
La tectonique des planches