Macbeth au pays des horreurs


Théâtre / Attention, c'est du lourd. Le metteur en scène grenoblois Pascal Mengelle, à la tête de sa compagnie La Saillie, s'attaque au monumental Macbeth de Shakespeare avec un talent indéniable. Ici, le mythe est réinterprété sans jamais être dénaturé. Mengelle va farfouiller au fond du fond de cette œuvre monstre pour appréhender au mieux la nature de Macbeth, victorieux chef de l'armée écossaise qui se rêve en roi suite à la prophétie de sorcières, mais qui finira en tyran sanguinaire. En faisant preuve d'une économie de moyens pour un rendu saisissant, Mengelle ne tombe pas dans le piège de l'habillage moderniste flamboyant censé justifier une énième mise en scène du texte, ce qui fait plaisir ! Sur scène, un simple drap blanc comme seul décor, malmené tel l'esprit de Macbeth. Sur le côté, un percussionniste rythme la pièce avec des sons inquiétants. Et puis les acteurs. Cinq au total qui alternent les différents personnages. Au centre, Bertrand Barré campe un Macbeth impassible, mais qui va finir par s'ébranler. À ses côtés, Isabel Oed, toute en force, est Lady Macbeth, celle qui finira folle et se suicidera. Enfin, parti pris on ne peut plus intéressant, Mengelle a rassemblé les sorcières en une seule entité nommée la Créature et représentée en ombres chinoises. Un tour de force qui permet de s'intéresser véritablement au texte, en évacuant le côté folklorique que peut avoir la magie. Une réussite, donc, que l'on nuancera par deux bémols : d'abord l'absence d'entracte pendant les 2h30 que dure la pièce, qui nous font un peu vaciller vers la fin. Ensuite, la tournure commedia dell'arte assez saugrenue que prend la pièce dans la dernière demi-heure, qui nous laisse pantois. Mais peut-être les deux choses sont-elles liées ? Aurélien MartinezMacbeth
Au Théâtre de la Croix-Rousse, du 3 au 6 février.


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