Rencontres en temps de crise

Festival / Le festival Drôle d'endroit pour des rencontres témoigne de la santé du cinéma français, tout en se voulant cette année plateforme de réflexion sur l'avenir des cinémas indépendants. Christophe Chabert


Un festival de cinéma, c'est d'abord des films. Aux Alizés de Bron, ce sont des films français, choisis dans la production récente ou à venir, dressant un portrait de ce que Pascale Ferran appelait le «cinéma du milieu». Ni auteurisme arrogant, ni compromissions mainstream, Drôle d'endroit pour des rencontres invite des cinéastes personnels ayant un univers à défendre auprès des spectateurs, et pas seulement auprès de la critique. En cela, l'événement se fera lors de l'ouverture du festival (le 28 janvier) où Pierre Trividic et Patrick Mario Bernard présenteront L'Autre. Trividic et Mario Bernard avaient secoué le ronron du cinoche français lorsqu'ils avaient réalisé Dancing, conte fantastique assez fascinant qui recyclait les codes du home movie domestique. Garderont-ils cette singularité une fois plongés dans la fiction pure ? À l'autre extrémité temporelle du festival (dimanche 1er février), Philippe Lioret, brillant cinéaste révélé dans la comédie (Tombés du ciel, Tenue correcte exigée), puis passé avec un certain succès à la chronique dramatique (Je vais bien ne t'en fais pas), s'essaye au cinéma politique avec Welcome : les rapports entre un Français moyen et peu politisé et un immigré clandestin cherchant à passer à la nage en Angleterre. Dimanche toujours, le festival consacrera sa journée au cinéma documentaire, avec la présentation de deux films forts : À côté de Stéphane Mercurio, sur les femmes de prisonniers, et Nos enfants nous accuseront de Jean-Paul Jaud, sur les dangers mortels liés aux pesticides agricoles. Si on ajoute la venue d'Ursula Meier pour présenter Home (que notre ami François Cau a résumé par «Du François Ozon qui aurait encore des couilles» !), le tableau des Rencontres en 2009 est flatteur, très flatteur.Avis de tempête
Comme pour tempérer cette bonne santé, le festival organise le vendredi 30 une table-ronde consacrée aux menaces qui planent sur l'exploitation indépendante et le cinéma art et essai. «Quel est le rôle des salles art et essai dans l'aménagement du territoire ?» est la question posée ; on suppose qu'on y parlera de la difficulté d'accès aux copies, du triomphe du cinéma Télérama et de l'implantation des multiplexes à proximité des cinémas municipaux. Débat symptomatique des remous qui agitent la profession et dont les spectateurs commencent à entrevoir les effets. Si on y ajoute la grève qui a bouleversé le programme du jeudi 29 janvier, force est de constater que le festival est de plain-pied avec l'actualité ! Drôle d'endroit pour des rencontres
Aux Alizés de Bron du 28 janvier au 1er février.


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