The Wrestler

De Darren Aronofsky (Fr-ÉU, 1h50) avec Mickey Rourke, Marisa Tomei…


Randy «The Ram» (le bélier) est un vieux catcheur à moitié sourd, qui vit seul dans une caravane et continue de se produire dans des galas avec d'autres gloires fânées. Sa seule amie est une strip-teaseuse elle aussi vieillissante pour qui on ne sait trop si Randy est son client préféré ou un peu plus que ça. La ligne claire narrative et la mise en scène presque «dardenienne» du nouveau film de Darren Aronofsky ressemblent à un retour à la raison après le foirage de The Fountain, film ambitieux mais plombé par un manque de moyens et un discours métaphysique vaseux.

Retour à l'essentiel : un acteur, un personnage, des enjeux simples (chute et rédemption) et une idée fabuleuse qui consiste à faire de ce corps abîmé, fatigué, que l'on accompagne caméra à l'épaule dans une Amérique crépusculaire et nostalgique (le présent s'y incruste discrètement via deux allusions à la guerre en Irak) un pur récit. Bien mieux, dans le fond, que Fincher dans Benjamin Button, Aronofsky transforme Mickey Rourke (génialissime !) en parchemin écrit par les dommages du temps, mais saisi dans un pur présent qui est autant celui de Randy que celui de l'acteur lui-même : un homme dont la beauté rayonne par sa quête d'humanité et de dignité, réclamant un peu d'amour à une époque qui ne veut plus de lui.

En résumé pour tout le monde : The Wrestler est un très beau film.

Christophe Chabert


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