Un Conte de Noël + L'Aimée

Arnaud Desplechin Bac Vidéo


C'est une sérénade virtuose dans laquelle Mathieu Amalric se glisse encore avec délectation. Son personnage Henri revient passer Noël dans sa famille du Nord dont il a été banni quelques années plus tôt par sa sœur. Desplechin filme avec maestria ce rassemblement au cœur de l'hiver dans lequel le grand absent, le petit frère mort, occupe toute la place. Pour sauver la mère atteinte d'un cancer, il ne reste plus que le fils maudit dont Deneuve dit avec une dose de tendresse et une classe inouïe qu'elle ne l'aime pas. Probablement le film français le mieux dialogué – le plus drôle aussi - de l'an dernier, Un Conte de Noël, c'est surtout du cinéma à tous les étages et une vitalité bouleversante. Face à la photo de sa première épouse décédée dans un accident de voiture, il faut entendre Almaric répondre à son amoureuse (éternelle Emmanuelle Devos) qui lui dit qu'elle était belle : «Oui, mais elle conduisait mal». Constamment sur le fil de la vie dans ce qu'elle a de plus réaliste et surtout de plus romanesque à la fois, Desplechin mêle le banal à la tragédie grecque. Il fait de même dans le documentaire qui accompagne le film (dans le coffret Fnac uniquement). L'Aimée, c'est sa grande mère morte très jeune. Il en retrouve des portraits et des photos dans la maison familiale de Roubaix fouillée une dernière fois avant d'être vendue. Desplechin y rend vie aux morts et donne à l'absente des allures d'héroïne tragique. NP


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Boy A