Julien Baer

Le LA Universal


Sur ce discret quatrième album, Julien Baer poursuit dans son coin un impressionnant bonhomme de chemin. Une route entamée il ya douze ans avec un album éponyme de pop ensoleillée porté par le titre Le Monde s'écroule et des arrangements sublimes. Une route dont la dernière étape en date explorait en douceur le continent africain sur le magnifique Notre Dame des Limites. Il y chantait Roi de l'Underground, un titre qui lui allait comme un gant, lui, l'aîné ombrageux de l'adulé Edouard, victime (fut-elle volontaire) de cette injustice qui en célèbre de plus dispensables à longueur de journée, quand lui est confiné dans un anonymat inexplicable. À l'aise dans le blues sudiste et capiteux (Pends le haut, pends le court) comme dans la ballade feutrée (Tant besoin de toi), le tropicalisme insidieux (J'suis comme une cité) comme le tube de poche et de plage distingué (Le LA), Baer promène sa voix fragile, comme ravalée, sur un territoire musical si vaste qu'il s'autorise même des cascades synthétiques (Ulysse), sans rien perdre de sa grâce. Une fois de plus, Julien Baer donne «le LA» d'une chanson française qui prouve ici qu'elle est capable d'excellence, musicale comme textuelle. Et dont le gros du troupeau ferait bien de se mettre au diapason pour soutenir la comparaison de ce redoutable concurrent de l'ombre.SD


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Howard Hugues