In vino veritas


Musique / Après une série de concerts passions amoureuses autour de Haendel, et juste avant les très sérieuses Lamentations pour la Semaine Sainte de Jean Gilles, le Concert de l'Hostel Dieu nous lance à corps perdu dans de réjouissants plaisirs musicaux et d'opulentes orgies de sons. Sous le titre De Bach à Bacchus, ce sont des compositeurs dits sérieux que l'on retrouve dans une écriture légère et pétillante. Qui aurait parié sur Jean-Sébastien Bach, l'austère luthérien ou sur Henry Purcell, le sérieux compositeur des Funérailles de la Reine Mary pour écrire autour du vin, de Bacchus et des plaisirs les plus triviaux ? Franck-Emmanuel Comte, chef d'orchestre en recherche musicologique constante, offre là trois soirées jouissives et remarquablement inventives. Faut-il le rappeler, dans un univers baroque sérieusement conventionnel, un chef comme lui redonne une belle dynamique et distille un humour fin et salvateur. Pour cet hommage à Bacchus, le public ira à la rencontre d'un Bach bon vivant peu connu et fera la connaissance d'un Purcell drôle et raffiné qui croque en une scène jubilatoire le Drunken poet, héros imbibé d'alcool de The Fairy Queen. Bernier et Bodin de Boismortier, compositeurs contemporains de Bach viendront dépeindre un Bacchus jovial, débauché mais cultivé. Les airs «à boire» recevaient un réel succès au XVIIe siècle ; qu'en est-il quatre siècles après ? La même jouissance à s'enivrer, la même passion des plaisirs, une joie identique à entendre ces airs.De Bach à Bacchus
À la salle du Grand Réfectoire de l'Hôtel Dieu, les 3, 4 et 8 mars.


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Julien Baer