Be Happy

Mike Leigh MK2 vidéo


Après son tragique et constipé Vera Drake, Mike Leigh a décidé de souffler avec Be Happy, une comédie en apparence gentillette puisqu'elle met en scène une héroïne qui ne se dépare jamais d'une joie de vivre plus irritante que contagieuse. Poppy, c'est son nom, et Sally Hawkins est celui de l'actrice qui l'incarne, avec une sorte de dévouement sacrificiel tant son interprétation donne envie de la gifler, de l'étrangler ou de la dessouder au magnum 44. Poppy a avalé une cassette des Bisounours et la régurgite en boucle pour faire le bien autour d'elle ; le problème, c'est que tout le monde n'est pas d'accord avec cet ayatollah du bonheur forcé. C'est là où Be Happy intéresse : Mike Leigh, qu'on a souvent accusé de roublardise, renverse ce préjugé en sa faveur. Conscient du fait que les spectateurs connaissent son passé de cinéaste acide et cruel, Leigh suspend une menace au-dessus du film. Une inquiétude sourde envahit les séquences, et on finit par avoir vraiment la trouille que les choses tournent mal. Le moniteur d'auto-école rigide, sec, jaloux et finalement violent vient matérialiser la chose : le monde est noir, et même peint en rose bonbon, il conserve des traces de cette sombre première couche. Si Mike Leigh rate sa dernière demi-heure, notamment à cause d'un séducteur bien fade, il aura cependant fait de Be Happy son meilleur film depuis longtemps.
CC


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