Boyer, poil à gratter


Expo / Depuis belle lurette, certains artistes ont abandonné l'idée d'œuvre matérielle (peinture, sculpture, installation ou autre) pour s'immiscer parmi les circuits «réels» des sphères économique, sociale, quotidienne… Des incrustations activistes de Gianni Motti à l'ONU ou dans des stades de sport aux fermes à cochon délocalisées en Chine du belge Wim Delvoye, en passant par le Lyonnais Damien Beguet mimant les techniques de marketing ou le fonctionnement d'une PME, les exemples sont nombreux ! Dans cette même veine, Edouard Boyer (né en 1966, établi à Paris) multiplie les projets se jouant des médias ou des particularismes du monde contemporain. Vous avez peut-être croisé dans la rue, sur des panneaux Decaux, son absurde sondage, réalisé très sérieusement par la Tns-Sofres auprès d'un échantillon de 500 personnes. L'artiste y pose cette question saugrenue : «De la réalité, diriez-vous que vous êtes très satisfaits, satisfaits, assez satisfait, etc. ?». Edouard Boyer a aussi inventé sa propre disparition à l'âge de 3 ans, et soumis son portrait d'enfant aux services de l'Institut de Recherches Criminelles de la gendarmerie afin d'établir plusieurs images fictives de lui-même à différents âges, grâce à un logiciel de vieillissement et de rajeunissement artificiels. Autre exemple encore : l'artiste a réussi à soutirer une «bio-taxe» à plusieurs entreprises au seul titre d'être lui-même vivant ! À chaque fois, évidemment, Edouard Boyer souligne, détourne ou remet en question quelques idées et valeurs reçues de notre société. Jean-Emmanuel DenaveEdouard Boyer, « L'horizon des événements »
À la BF15, jusqu'au 28 mars.


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