Martyrs

Pascal Laugier Wild side vidéo


La sortie de Martyrs a provoqué une bataille homérique entre son auteur Pascal Laugier et la commission de classification cinématographique, qui avait d'abord condamné le film en l'interdisant aux moins de 18 ans. Un documentaire retrace cette affaire en bonus, même si le «happy end» n'en est pas un : même interdit «seulement» aux moins de 16 ans, le film a été refusé par tous les circuits (UGC, mais aussi la plupart des salles indépendantes trop occupées à programmer les choix de Télérama). Dommage car Martyrs, qualités et défauts réunis, synthétise assez bien une certaine perplexité face au film d'horreur à la française : la mise en scène terne et triste fait penser à du Chabrol dernière manière, mais le scénario, complètement débridé, contredit cette apparente platitude par une volonté de prendre sans arrêt le spectateur de vitesse. Quant à la violence, quelque part entre excès gore et souffrance réaliste façon Haneke, son omniprésence impressionne avant de lasser. Mais c'est le rapport de Laugier à la subversion qui pose le plus question : pense-t-il qu'une histoire d'amour teintée de lesbianisme (chaste, car le sexe ne fait pas bon ménage avec le sang dans l'horreur française) dérangera le spectateur ? Et qu'une quête de la near death experience peut vraiment être autre chose qu'un fantasme de teenager ? Du coup, il passe à côté d'un thème politiquement perturbant : la construction psychologique de la «victime» qui la transforme en bourreau. Mais au moins, Martyrs invite au débat. Alors que les Ch'tis…CC


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