«Comprendre les choses du monde»

Colette Gruas, directrice de la Fête du livre de Bron depuis sa création en 1987. Propos recueillis par Nadja Pobel


Petit Bulletin : Pourquoi ce thème de l'ailleurs ?
Colette Gruas : Nous avons choisi ce thème après beaucoup de lectures, notamment de la rentrée littéraire de septembre. Nous avons essayé de voir si une tendance se dégageait de ces œuvres littéraires et il nous a semblé que cette année, il y avait beaucoup de récits de voyages ; cela nous a paru assez nouveau. Ce thème a aussi été choisi car cette année Bron a lieu juste avant le salon du livre de Paris qui invite des auteurs mexicains qui pourront donc être aussi présents chez nous. Il y a beaucoup de gens qui publient en France, vivent en France, écrivent en français et qui viennent d'ailleurs. Il y a un vrai métissage chez les écrivains, cela n'existe pas que dans les couches populaires, le meilleur exemple est Atiq Rahimi, le prix Goncourt.L'ailleurs n'est pas que géographique. Quels sont les autres ailleurs ?
C'est tout ce qui est un peu en marge, à coté ; vivre autrement, choisir des voies qui ne sont pas classiques. Je pense notamment à Hélène Dassavray publié par À plus d'un titre. Elle raconte sa vie dans une cabane avec les trois papas de ses trois enfants, une tribu de gens qui vivent sur les marges sans être vraiment des marginaux de la société ; ils vivent différemment. Ce sont des chemins de traverse. L'ailleurs, c'est aussi cela. Les voyages sont aussi des expériences, d'autres façons de vivre.La littérature serait-elle plus que jamais une terre de refuge, une terre politique ? Plusieurs auteurs relatent des conflits violents et contemporains du pays d'où ils viennent...
À Bron, nous avons toujours été très engagés pour dire que la littérature n'est pas seulement là pour faire rêver mais qu'elle doit aussi rendre compte des situations difficiles. Cette année, on a effectivement des auteurs qui disent cela comme Sasa Stanisic. Nous avons toujours essayé d'accueillir ces écrivains qui nous aident à saisir des choses du monde. Par le biais de la littérature, on peut mieux comprendre des conflits dont on a énormément de mal à comprendre les enjeux politiques ou économiques.


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