Daniel Martin Moore

Stray Age Sub Pop/PIAS


Il est loin le temps ou le label de Seattle Sub Pop ne signait que des furieux suant dans des chemises à carreaux tachées d'huile de moteur. À cette époque, Daniel Martin Moore aurait sûrement fait tache lui aussi avec sa guitare en bois et son folk des Appalaches, à l'exact opposé de Boeing City. Parce qu'il est né dans les Appalaches justement, plus précisément à Cold Spring, dans ce Kentucky plus familier des poulets et du bourbon que des carlingues de 747, DMM a eu droit aux inévitables comparaisons avec deux autres gars des montagnes : Will Oldham et le voisin virginien Mark Linkous. Pas immérité tant son Stray Age partage avec ses ainés cet art de faire éloge à la lenteur comme à la profondeur (The Hour of Sleep, By Dream). Certes, le jeune homme manque d'aspérités et son élégance glacée peine à susciter l'intimité. Mais il a des chansons à faire valoir (The Old Measure, That'll Be The Plan, petit tube pour dessaouler), sublimées par une compagnie de choix (le violon de Petra Haden, l'ancien bassiste de Beck et sosie du Screetch de Sauvé par le Gong, Justin Medahl-Johnsen). Surtout, à la manière d'un Nick Drake (sa reprise de Sandy Denny, Who Knows Where the Times Go, est très drakienne), DMM a cette élégance rare et légère de toujours privilégier la mélodie au mélodrame.
SD


<< article précédent
Appelez-le Arthur