Le chant des gitans

Musique / À l'initiative du directeur du Festival de Musique Baroque, une soirée jazz manouche, passant de Django Reinhardt aux chants tziganes traditionnels, avec des musiciens et interprètes d'exception… Pascale Clavel


Eric Desnoues, brillant directeur artistique du Festival de musique Baroque et des Concerts de la Chapelle de la Trinité, a créé depuis la saison dernière un cycle Auteurs & Interprètes / Les Grands Concerts. Pari risqué et palpitant pour celui qui a «la volonté constante de décloisonner les publics.» La programmation du premier cycle était tout à fait remarquable : un concert Fado avec la sensuelle Christina Branco, un concert en hommage à Stéphane Grappelli et Django Reinhardt suivi d'un moment très inspiré en compagnie des Puppini Sisters trio de jazz vocal tendrement kitch mais pas que… La deuxième saison débute par une soirée Jazz manouche et chants tziganes. Pour construire ce concert, Eric Desnoues procède à l'instinct, par coup de cœur pour des artistes. Il s'agit là de musiciens qui puisent leurs racines dans des traditions fortes et qui savent les magnifier, les personnaliser, les «contemporanéiser» sans les dénaturer. Le concert s'ouvre avec la formation Selmer #607, la nouvelle génération du jazz manouche. Ils ont moins de 30 ans et jouent déjà comme des Dieux.Si ça c'est pas du Swing !
Pour l'histoire, la guitare Selmer #607 fabriquée en 1946 est en tout point similaire à la Selmer #503 que possédait le maître Django Reinhardt. Ces jeunes musiciens vont se passer la Selmer #607, comme un trésor, et faire entendre des classiques de Django comme des compositions très contemporaines. Ça swing, ça chante, ça frémit. Pour cette occasion unique, ils ont invité l'un des plus grands guitaristes du jazz manouche, Stochelo Rosenberg. Dans un milieu musical où la transmission est importante, il a été désigné dès son plus jeune âge comme le successeur de Django Reinhardt par la communauté. Son jeu virtuose jongle avec les rythmes et sa technique ne ressemble à aucune autre. La deuxième partie du programme est entièrement consacrée à Norig, chanteuse française d'origine espagnole. Elle interprète des chants traditionnels tziganes avec une voix pétrie de sensualité, de douleurs et d'amour tout à la fois. Tony Gatlif est tombé fou amoureux de son timbre de voix et a littéralement enrôlée Norig sur la bande originale du film Exils. Parfois enfant parfois femme, Norig joue sur les ambiances, excelle dans les ballades comme dans les chants plus rythmés. Une femme talentueuse qui a su se faire adopter par les musiciens manouches…il fallait le faire.Jazz manouche / Chants Tziganes
Mercredi 4 mars à la Bourse du travail.


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