La nuit vire au vert

Peu à peu, la nuit essaye de se faire plus écologique et artisanale. Les initiatives sont encore peu nombreuses mais certains responsables de bars affirment vouloir faire encore plus et mieux. Marion Quillard et Nadja Pobel


Le bio n'a pas encore vraiment la cote. Le Modern Art Café s'est bien lancé dans la commercialisation de vin bio depuis janvier — parce que son producteur habituel en fabrique, mais généralement, le coût de revient est trop élevé pour que la nuit lyonnaise s'en empare massivement. Les produits artisanaux sont plus accessibles et pour Thierry, du Sonic, c'est même une évidence d'en proposer depuis la création du lieu : «Ça nous paraît naturel d'éviter les groupes industriels» dit-il. Il vend notamment de la grihète, cette bière concoctée à Nyons par des drômois et revendue dans de nombreux bars lyonnais pour environ 2, 50 €, quand une bière classique en vaut 2. Au Furib'art, vendre de la grihète est aussi une volonté d'échapper aux mastodontes commerciaux et un engagement pour dynamiser l'activité des petits producteurs. Boire oui, mais dans quoi ? Les gobelets en carton issus du recyclage ne font pas fureur mais quelques lieux développent un système de consignes calqué sur le modèle allemand. Élisa, du K-Barré, rappelle que ce lieu associatif est directement inspiré des bars berlinois où une consigne de 50 centimes est incluse dans le prix de la boisson. Cette pratique oblige le consommateur à rapporter le verre au comptoir pour récupérer son dû et les vols sont ainsi évités. Trier au mieux les déchets et éviter le gaspillage, voilà aussi le credo de Christophe Cédat, propriétaire du Café 203. Il vient de créer plusieurs dispositifs pour mieux répartir les ordures telles des poubelles customisées pour rendre les déchets moins repoussants. Et voilà qu'un container habillé d'un autocollant représentant des grains de café va recueillir uniquement le marc de café, tandis que d'autres sont dédiés aux piles ou au verre. Un compacteur de cartons trône dans la cour afin d'éviter leur éparpillement.Du bio aux LEDs
Chez certains, le développement durable est même devenu une politique d'entreprise. Le 6e continent, bien connu pour son militantisme et sa défense de l'interculturalité a même rebaptisé sa manifestation annuelle «éco-festival» (du 26 mai au 6 juin 2009). L'association s'intéresse de près aux moyens de locomotion des spectateurs : pour ses deux jours au Parc de Gerland, les organisateurs négocient avec les TCL pour prolonger les horaires de nuit du métro, et un parking à vélos surveillé sera mis à disposition des festivaliers. Au Cowboy & Co, c'est la déco qui a attiré le plus de soins. Isabelle Trenaux, gérante de ce restaurant et juice bar, l'a voulue naturelle du sol au plafond : le parquet est en bois brut (issu d'arbres de la région), le mur est recouvert de chaux, on mange sur des troncs d'arbre et on s'assoit sur des bottes de paille. «En plus de la déco, j'utilise un maximum de fruits et de légumes bio. D'ailleurs, je ferais plus si c'était moins cher. Et j'utilise aussi des ampoules à basse consommation». Car en plus d'être écologique, les fameuses LEDs (diodes électroluminescentes) sont économiques : à La Chapelle, on a investi 70 000€ sur quatre ans pour un passage à 90% des éclairages en LEDs ou iodure. Et selon Philippe Mazmanian, chef de sécurité HSE (Hygiène, Sécurité, Environnement) du lieu, c'est une économie incontestable : «Ces ampoules durent trois fois plus longtemps et consomment entre cinq et dix fois moins d'énergie que les ampoules classiques ! On voit vite le résultat sur la facture énergétique...». Grâce au soutien de la Mairie du 5e, La Chapelle a aussi revu l'ensemble du circuit de consommation. Les fournisseurs jouent le jeu et ont accepté de réduire leurs emballages. Grâce à la création d'un espace de stockage plus grand, la fréquence de leurs livraisons a été divisée par trois, afin de contribuer à la baisse des émissions de CO2. Servies au pistolet et non plus à la bouteille, les boissons permettent une réduction d'au moins 25% des déchets. Exemple à suivre...


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DOA