Arme de distraction massive


Humour / Les premières notes du P.I.M.P. de 50 cent résonnent, et Valérie Lemercier fait son entrée sur scène au gré d'une chorégraphie délicieusement décalée. Ça ne vaut peut-être pas sa mémorable danse aux Césars sur Zouk Machine, mais il ne nous en fallait pas plus pour être déjà un minimum conquis. Après cette pétulante intro, il faudra attendre l'ultime sketch pour revoir notre hôte s'adonner à quelques pas de danse (dans le rôle d'une odieuse prof de danse russe). Mais avec une interprète de ce calibre sur scène, pas besoin d'entrechats : Valérie Lemercier est un effet spécial à elle toute seule. Elle a su roder l'écriture d'un spectacle écrit dans l'urgence, se saisir des moindres inflexions de voix susceptibles de provoquer l'hilarité, développer les inénarrables gestuelles de ses personnages, peaufiner l'efficacité de ses virgules (notamment via deux personnages récurrents, une saoularde apostrophant les célébrités à Roland-Garros et une mauvaise conscience bobo moralisatrice), et offrir ainsi un tour de montagne russe humoristique au charme mutin. Ce qui séduit, ce sont donc avant tout les qualités d'interprétation mais aussi d'écriture. On retrouve ici un sens de la formule qu'on pensait à tout jamais disparu des one-(wo)man-shows français, couplé à un goût de la surenchère qui ne s'égare pas, même dans ses manifestations les plus outrancières de grossièreté. Que la demoiselle incarne un riverain du sud vantant les joies de l'échangisme ou un père de famille racontant à son fiston, le jour de l'enterrement de sa mère, les prouesses sexuelles de cette dernière, on ne tombe pas dans une vulgarité facile, mais bien dans un sain élan trash dévastant tout sur son passage. FCValérie Lemercier
À la Halle Tony Garnier, dimanche 22 mars.


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