A la croisée des chefs

Musique / Sous le parrainage de Paul Bocuse et sous la baguette du chef d'orchestre Jun Märkl, une soirée toute en saveurs est mijotée à l'Auditorium pour oreilles affûtées et palais fins. Pascale Clavel


L'idée, certes n'est pas nouvelle. On rassemble deux mondes, on choisit un thème porteur et on imagine un univers qui peut paraitre commun. Cela s'est fait en musique baroque sur le thème de la dive bouteille où Bach et Purcell étaient à l'honneur, cela va se décliner tout autrement lors de cette soirée festive à l'auditorium. Pour se faire, Jun Märkl, qui a ce projet en tête depuis longtemps, s'est entouré des chefs lyonnais étoilés les plus originaux comme les plus pertinents. Jean-Paul Lacombe, Guy Lassausaie, Christophe Marguin et Mathieu Viannay se sont prêtés immédiatement au jeu. Rencontres de choc, valse des baguettes, fourchettes et archets, l'auditorium devient pour un soir un véritable espace de dégustations multiples. Art culinaire et musique symphonique rivalisent d'imagination pour concocter un programme régalant. Le premier moment, musicalement «aux petits oignons» enchaine habilement des œuvres joyeuses et inattendues où les papilles sont mises à contribution autant que les oreilles. Mise en bouche : le Ballet des poussins dans leurs coques extrait des Tableaux d'une exposition de Modest Moussorgski, la Danse de la fée dragée extrait de Casse-Noisette de Tchaïkovski. Des œuvres au nom moins évocateur viendront s'ajouter comme de petits moments pour creuser l'appétit… L'incontournable Ouverture du Barbier de Séville de Rossini, l'impétueux Vol du Bourdon de Rimski-Korsakov et bien d'autres petites œuvres savoureuses. Des fourneaux au plateau
Au beau milieu de cet improbable concert, se trouve un objet unique : Délice pour percussions et instruments de cuisine. Les quatre chefs invités ne vont donc pas simplement préparer des mets subtils et délicieux, ils vont se mettre en danger en participant à la création d'une œuvre musicale. Tous ont volontiers joué le jeu et ont prêté fouets, bols, tamis et autres ustensiles de cuisine aux percussionnistes/compositeurs pour cette œuvre étonnante où percussions et batterie de cuisine vont sonner ensemble dans des timbres extrême-orientaux… Tout un programme ! À l'issue du concert, la deuxième partie de soirée n'est pas moins agréable : les quatre chefs seront devant leur fourneau pour le plus grand plaisir du public qui va se trouver face à un cocktail géant et éblouissant. Grande cuisine et «grande» musique sont toutes deux des arts de l'excellence et de l'éphémère. En cuisine comme au sein un orchestre, c'est une multitude de corps de métiers qui concourent à une œuvre commune. À savourer sans modération.Concert délice
À l'Auditorium jeudi 26 mars.


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Wilfried Prager