Re-maquille toi


Révélation / "Les gens n'ont malheureusement aucune culture. Ils ont tendance à ne pas savoir que la techno de Detroit a été créée par des gros noirs qui cachaient sous leurs platines vinyles des fusils à pompe. Il ne faut pas oublier ça" explique Grems, rappeur et leader hystérique du groupe Rouge à Lèvres. "En France, de toute façon, ça suce des bites et les artistes n'ont pas les couilles de créer leur propre truc à eux" paraphe-t-il de façon assez cinglante. Certes. Il en aura fallu une belle paire pour faire jaillir l'entité Rouge à Lèvres, excellente surprise de cette nouvelle édition de l'Original. Alors qu'ils écoutent Moodyman et Kerri Chandler il y a cinq ans, le rappeur Grems et son metteur-en-son Le 4Romain s'interrogent benoîtement : "Pourquoi personne n'a jamais rappé sur ce genre de musique ?", en l'occurrence la house chaleureuse et la techno colorée extraite du cœur de Detroit, ville aux relents industrielles. N'étant pas du genre à tourner autour du pot, les acolytes se mettent aussitôt au travail. En 2005 sort Maquille-toi, condensé de violence sexuelle bon enfant, de rap salace et de rythmes électroniques assez distinguées. Le rappeur John 9000 et l'ultra-habile Dj Gero grossissent les rangs de l'équipée sauvageonne. Emballé par l'expérience, Disiz La Peste, ex-rappeur grand public ("J'pète les plombs", c'est lui) rejoint Rouge à Lèvres peu de temps après et se met à rapper sans avoir à subir le cadre étriqué de l'industrie du disque. En clair : vite et bien. Chauffés à blanc suite à la parution d'un deuxième disque Démaquille-toi, le groupe Rouge à Lèvres n'en finit plus de faire fondre techno de Detroit, house de Chicago, funk satellisée, broken-beat à l'anglaise et rap strident pour créer un alliage inédit en France qu'ils ont eux-même baptisé Deepkho. En somme, un rap crapuleux réconciliant sourire housy et sonorités de voyous en goguette. Une vraie réussite. AALa Nocturne avec Cunninlynguists, Substantial et Rouge à Lèvres
Au Ninkasi Kao, samedi 4 avril.


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"Je n'ai pas envie de faire la morale"