Elvis Perkins

In Dearland XL/Beggars


À l’image de son titre (In Dearland, c’est à la fois le nom de l’album et celui du groupe qui accompagne désormais Perkins), ce deuxième disque de celui qu’un jour on appellera le troisième Elvis (après Presley et Costello) fonctionne comme une chausse-trappe. Le chanteur folk et torturé révélé par le triste, beau et solitaire Ash Wednesday s’est entouré pour donner de la chair à ses chansons, mais aussi y faire entrer la lumière du soleil. Les arrangements magnifiques qui baignent les morceaux habillent le spleen qui habite Elvis Perkins (dont, pour l’anecdote, le père Anthony «Norman Bates» Perkins est mort du SIDA et la mère était une passagère d’un des avions qui percutèrent les tours jumelles le 11 septembre). Car ce qu’il chante est toujours aussi hanté, histoires de fantômes racontées au passé, même dans la perspective d’un jugement dernier (Doomsday) ou d’une éternité (How’s forever been baby). Perkins ressemble au personnage incarné par Dylan dans Pat Garrett et Billy le kid : un troubadour dont on ne sait s’il est encore là, où déjà de l’autre côté, et que le malheur semble poursuivre comme une ombre — l’harmonica est d’ailleurs leur point commun. Avec In Dearland, il jette sur ce sombre spectre un regard détaché et ironique, refusant l’atermoiement pour privilégier la plénitude. C’est tout simplement émouvant.
CC


<< article précédent
The Only ones