La Possibilité d'une île

Michel Houellebecq
Bac vidéo


À la sortie du film, c'était une affaire entendue : La Possibilité d'une île était le plus grand navet français de tous les temps, rivalisant avec Le Jour et la nuit de BHL, ce que ce con de Houellebecq allait accréditer en signant quelques semaines plus tard un bouquin avec l'intello médiatique. De fait, peu sont allés vérifier si c'était vrai (15 653 personnes, précisément !)... La malédiction continue avec le DVD puisque le making of, pourtant présenté (et bien accueilli) à Locarno, a tout simplement disparu de cette édition ! Disons-le : si on est loin de placer La Possibilité d'une île au rayon des chefs-d'œuvre cinématographiques, il y a plus de mise en scène dans le moindre de ses plans que dans la totalité de Séraphine, daube culturelle réalisée par un Monsieur Cheveu rescapé de l'ORTF. De son livre, fort moyen, Houellebecq n'a gardé que le squelette, délaissant son ambition romanesque pour en faire un poème contemplatif sur la fin du monde. Son cynisme désenchanté se transforme au passage en tendresse étrange, son pessimisme en tristesse. Certains détails sont complètement inattendus : par exemple, quand un animateur de concours vulgaires retrouve son fils et le prend par la main pour quitter l'hôtel et revenir à la vie normale loin de la médiocrité du spectacle. Mais c'est la dernière partie, tranche de SF épurée, banale et malgré tout remplie de lyrisme, qui élève littéralement le film hors des facilités réalistes du cinéma français. Des paysages dévastés, des corps errants, la possibilité d'une île : c'est simple et c'est assez bouleversant. CC


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