Cèdre brut


BD / Dans le cadre d'une semaine consacrée à la «Mémoire du Liban», la mairie du 6e arrondissement et la librairie La BD proposent de nombreux rendez-vous autour du Pays du Cèdre, et notamment une exposition où vous retrouverez les œuvres picturales du poète Khalil Gibran et les planches originales d'une jeune auteur/illustratrice de bande dessinée, Zeina Abirached. Née au Liban au début des années 80, c'est-à-dire en plein conflit, elle revisite ces années sombres dans des albums à la fois graves et lumineux qui rappellent le travail graphique et «autofictionnel» de Marjane Satrapi. Noir et blanc, alternance de cases traditionnelles et de pleines pages, utilisation de la 2D, (sur)réalisme du dessin : autant de techniques qui mettent en avant le travail de mémoire et de reconstitution à l'œuvre dans les quatre albums qu'elle a publiés jusqu'ici. Quatre albums dont le cœur se situe précisément sur la fameuse Ligne verte, dans la rue et l'immeuble où Zeina a grandi. De Beyrouth Catharsis, dans lequel elle décrivait avec innocence et humanité le quotidien d'une fillette dans une ville en guerre (une guerre le plus souvent représentée par une case blanche), à Je me souviens, exercice perecien d'«invention des souvenirs», en passant par le livre-objet intitulé 38, rue Youssef Semaani (une planche dépliable qui aurait pu s'appeler La vie mode d'emploi) ou Le Jeu des hirondelles, écrit en hommage à sa grand-mère restée au pays, Zeina Abirached décline un univers émouvant, bourré d'humour et d'espoir, qui oscille avec beaucoup de subtilité entre recherche formelle, démarche autobiographique et devoir de mémoire. Yann NicolZeina Abirached
À la libraire La BD, le 15 avril à 15h. À la Mairie du 6e, le 15 avril à 20h.


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Eric Manigaud